Démythifier et démystifier
Par Raphaël B., jeudi 27 septembre 2007 à 21:49 :: Je me coucherai moins bête ce soir ::#273
Ne pas confondre :
- démythifier
(verbe transitif)
Faire disparaître le caractère mythique.
et
- démystifier
(verbe transitif)
Faire disparaître les idées fausses que l’on a d’une personne, d’une chose, d’un fait, etc.
Ce sont des paronymes.
- Paronyme ?
(nom masculin)
Se dit des mots qui se ressemblent mais qui ont des sens différents : percepteur et précepteur.
Définitions extraites du MédiaDico.
Voir aussi Paronymie sur WikiPédia, qui donne quelques exemples de paronymies et introduit la Paronomase et la Paronomase implicite (fichtre !).
Et deux liens vers l’indispensable Banque de dépannage linguistique :
- un sur la paronomase
- un avec 90 exemples de paronymie dont
Denis avait raison.
Commentaires
Démystifier ne veut en aucun cas dire « Faire disparaître les idées fausses que l’on a d’une personne, d’une chose, d’un fait, etc » ; ce dernier sens est très récent dans la langue française corrompue et est employé par des locuteurs peu cultivés (Hommes politiques, journalistes, hommes d’affaires... ).
Le vrai sens de démystifier vient de son antonyme mystifier, qui signifie tromper, abuser ;
par conséquent démystifier signifie détromper, désabuser, ET DOIT AVOIR pour complément un être vivant susceptible d’être trompé : animal, homme, ou plante).
Par exemple : il croyait l’endroit désert mais fut vite démystifié par un bruit de moteur qui se rapprochait.
Dans cette phrase “Il n’y a pas de héros pour son valet de chambre", Voltaire veut dire que le quotidien démythifie.
Celui qui écrirait démystifie ici commettrait une bévue.
Je lis à cette adresse : « http://www.esseclive.com/quand-lira...;» la phrase que voici : [Voltaire écrit Candide, conte philosophique dans lequel il entreprend de démystifier certains penseurs allemands]...
A votre avis, cette phrase est-elle correcte, plus précisément, l’emploi du verbe démystifier est-il ici justifié ? Oui, direz-vous, puiqu’il s’applique réglementairement à des êtres susceptibles d’être trompés, abusés, mystifiés.
Que non, réponds-je, les auteurs en question étant morts depuis longtemps au moment que Voltaire en traite, il est impossible de les désabuser. L’auteur de cette phrase écrite dans le plus pur style universitaire a évidemment voulu dire que Voltaire avait entrepris d’écorner la réputation surfaite de ces philosophes, de les démythifier ; il a voulu le dire mais a dit tout autre chose, et peut-être même a t-il voulu penser.
J’observe que la "Banque de dépannage linguistique" entérine les pires errements du français contemporain, malheureuse sans doute de ne pouvoir recenser plus vite encore les dernières créations de l’analphabétisme triomphant.
A ne visiter que pour toiser le désastre.
Enfin, dans la phrase "Voltaire écrit Candide, conte philosophique dans lequel il entreprend de démystifier certains penseurs allemands...", "certains penseurs allemands" est l’objet apparent du verbe par métonymie, l’objet réel du verbe étant leur corpus théorique. Ceci pour en terminer et lever toute ambiguïté pour ceux à qui cela n’allait de soi.
Est-ce qu’on démystifie un mythe ou on le démythifie (par l’action, l’expérimentation) ?
La question faite ci-dessus : "Est-ce qu’on démystifie un mythe ou on le démythifie (par l’action, l’expérimentation) ?" dénonce que celui qui l’a faite n’a rien compris ou n’a pas lu ce que j’ai écrit à ce propos.
Il paraît de plus en plus souvent que le locuteur qui s’exprime en français est un défendeur intimé de s’expliquer devant un jury d’analphabètes.